La fédération canadienne a toujours été une partisane des Nations Unies.
C’était John Peters Humphrey, un juriste canadien de l’université de McGill, qui a écrit la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, le document fondateur pour l’organisation internationale.
En 1957, c’était le secrétaire d’État du Canada aux Affaires étrangères (et plus tard premier ministre) Lester B. Pearson qui a offert l’idée des casques bleus qui maintiendront la paix dans la canal Suez, un effort qui a lui apporté le prix Nobel de la paix.
Mais 50 années plus tard, le Canada a changé de direction quant aux approches multilatérales pour des prises de décisions. Au lieu d’accepter son rôle comme adepte de la coopération internationale, l’état membre du « Commonwealth of Nations » a tourné son dos aux nations unies, un changement initié par l’accession du gouvernement conservateur de Premier Ministre Stephen Harper en 2006.
Plutôt que continuer la relation sans condition entre le Canada et les Nations Unies, Harper a adopté une approche pragmatique. Son cabinet a étudié comment le Canada pouvait contribuer plus aux problèmes globales et moins à la bureaucratie internationale, surtout quand les programmes et initiatives ne s’accordaient pas aux lois domestiques ou n’étaient pas économiquement efficace.
L’exemple le plus frappant est la sortie du Canada de la Convention sur la lutte contre la désertification en mars 2013, un traité signée par 194 nations pour « établir un partenariat mondial visant à enrayer et prévenir la désertification / dégradation des terres », selon le site-web.
Selon le Ministre des affaires etrangères John Baird, la sortie était justifiée parce que moins de 18 percent du budget totale — en totale de 8.2$ millions — allait directement pour lutter contre la désertification. Le reste allait à l’administration et les fonctionnaires.
« Nous ne sommes pas intéressés dans la continuation de bureaucracies et discussions sans but », a déclaré Baird à la Colline du Parlement.
Quant à la politique, le Canada s’est opposé aux enquêtes prônées par les Nations Unies visant à réévaluer le traitement des autochtones par le gouvernement fédéral, un enjeu déjà ouvert à plusieurs reprises par des commissions nationales. Il s’est aussi opposé à un rapport de l’ONU qui fustigeant la « sécurité de la nourriture » au Canada. Cela a fait réagir le ministre de l’immigration Jason Kenney, qui l’a qualifié d’un « discrédit » à l’ONU.
La plus récente nouvelle est que le Canada est un des derniers pays à adopter le traité sur le commerce des armes, qui vise stopper le trafic d’armes illégales. Le traité est jugé comme un danger aux lois domestiques sur les armes de feu, selon Baird, qui a refusé d’amener le traité à la chambre des communes avant d’avoir des changements.
Selon Chris Hall de CBC, l’hostilité canadienne est due à la méfiance de Stephen Harper vers l’ONU, qu’il juge trop tolérant vers des chefs d’état antidémocratique à l’assemblée nationale ou dans certains comités sur les droits de l’homme et la paix.
Plus probable, il dit que Harper est toujours indigné que le Canada n’a pas eu de siège au conseil de sécurité en 2010, battu par le Portugal, un état peu puissant et très endetté.
De toute façon, ces types de protestations sur les fondations de l’ONU sont rares mais plutôt nécessaires.
Malgré sa population modeste de 35 millions, le Canada est le 7ème plus grand contributeur à l’ONU, déjà avoir contribué $84 millions de dollars USD en 2013. Cette somme représente $16 millions plus que la Russie, un membre permanent du conseil de sécurité avec 4 fois la population et $2 milliards de plus en PIB.
L’hésitation du Canada d’accepter les diktats de l’ONU relève un scepticisme envers la bureaucratie internationale peu connu depuis l’idée ratée de la Société des Nations après la première guerre mondiale.
Ce n’est pas tout à fait une opposition idéologique, mais aussi financière, invitant un plus grand débat sur lequel type d’organisation internationale les citoyens veulent appuyer et légitimer avec leur taxes.
Les Nations Unies financent beaucoup de programmes qui visent alléger la pauvreté et le manque d’éducation à travers le monde, mais il reste que la plupart de l’argent va aux employés au lieu des gens qui en y ont besoin.
Un analyse de l’année 2011 fait par Joseph Torsells, le représentant américain pour la gestion et la réforme de l’Organisation des Nations Unies, a relevé que presque 60 percent du $5.4 milliard budget de l’ONU va directement aux salaires. En fait, le salaire moyen pour chaque fonctionnaire est $238,000 bi-annuellement, plus que 5 fois le revenu médian des ménages au Canada.
Alors, pourquoi des bureaucraties largement irresponsables qui gaspillent une grande partie de leurs budgets sont-elles considérées la meilleure façon de résoudre nos problèmes planétaires ? Que dit-on à des coopérations plus efficaces entre nations ou communautés ?
Comme le Canada s’oppose au financement à la convention sur la désertification ne dit pas qu’il ne le voit pas comme un problème. Autrement, il ne croit pas que les organisations internationales sont les meilleurs véhicules pour s’adresser ce problème.
Si plus de nations y pensaient de telle manière, peut-être que nous aurions plus responsabilité dans nos organisations internationales extravagantes.